Face à l’augmentation des déchets alimentaires et la prise de conscience environnementale, le compostage gagne du terrain. En France, certains parlent même d’une obligation légale à venir pour les particuliers comme pour les professionnels.
Est-il vrai que le compostage deviendra obligatoire pour tous d’ici 2024 ? Examinons ce sujet sous différents angles.
Une réglementation progressivement plus stricte
Au fil des années, la réglementation française concernant la gestion des déchets a subi plusieurs modifications pour mieux encadrer cette problématique et promouvoir des solutions durables, notamment avec l’apparition de l’écologie circulaire. Si l’idée d’un compostage obligatoire n’est pas encore clairement établie, certaines dispositions réglementaires vont dans ce sens.
Le Plan National de Prévention des Déchets
Mis en place dès 2004, le Plan National de Prévention des Déchets (PNPD) vise à diminuer les quantités de déchets générées par les Français. Chaque nouvelle version de ce plan apporte de nouvelles mesures visant à rendre les pratiques de chaque citoyen plus respectueuses de l’environnement.
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire
Adoptée en février 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoit diverses mesures pour réduire et valoriser les déchets. Dans ce contexte, le compostage est mis en avant, notamment avec une incitation à la création de plates-formes de tri, entre autres dispositions visant à accompagner la croissance du recyclage organique.
L’essor des initiatives locales et associatives
Devant cette montée en puissance de l’écologie circulaire, divers acteurs locaux et associations se sont emparés du sujet pour faciliter et promouvoir le compostage auprès des particuliers.
Les actions menées vont de la distribution de composteurs individuels à la mise en place de sites de compostage partagés dans les quartiers ou les copropriétés. Ces initiatives permettent de mieux encadrer la pratique du compostage et d’en assurer un développement harmonieux.
Des collectivités qui encouragent le compostage domestique
Dans certaines régions françaises, des programmes comprennent déjà la distribution gratuite ou à tarif préférentiel de composteurs aux habitants.
La coordination de ces dispositifs à travers les communautés de communes et les agglomérations permet aux citoyens intéressés de s’équiper plus facilement et d’apprendre les bonnes pratiques pour réussir leur compostage.
L’appui des associations environnementales
Nombreuses sont les associations œuvrant dans le domaine de l’écologie ou de la gestion des déchets qui s’intéressent également au compostage. Leur rôle est essentiel pour informer et sensibiliser le public à cette pratique, mais aussi pour soutenir les démarches initiées par les collectivités en menant des actions concrètes sur le terrain.
Une mise en œuvre complexe et diversifiée
Au-delà de l’engouement des particuliers ou de la volonté législative, la question de rendre le compostage obligatoire pose d’autres problèmes. Parmi eux, on peut citer la nécessaire adaptation des infrastructures, la gestion sécurisée des installations et les délais pour sa mise en place. Le compostage doit également être une réponse adaptée aux besoins de chaque région et de chaque contexte urbain ou rural.
L’adaptation des infrastructures existantes
Pour que le compostage se généralise, il est nécessaire que les structures capable de recevoir et traiter les déchets organiques soient installées là où elles peuvent être efficaces. Or, certains territoires manquent encore fortement de tels équipements et doivent prévoir un aménagement de leur réseau.
La sécurité et la santé publique
Le compostage domestique nécessite une certaine vigilance pour éviter de s’exposer à des risques sanitaires. La diffusion de bonnes pratiques et les conseils prodigués par les collectivités ou associations sont indispensables pour garantir l’hygiène et limiter les nuisances de cette activité.
Favoriser les synergies territoriales
Chaque territoire est unique, et les solutions adoptées pour promouvoir le compostage doivent être adaptées à leurs spécificités. Dans ce sens, les concertations entre acteurs locaux (élus, professionnels, citoyens…) permettent de déterminer les meilleures actions à mener pour rendre le compostage efficient et pérenne dans son environnement.
Le compostage obligatoire en France : un objectif réaliste ?
Vu sous cet angle, il semble que l’instauration d’une obligation nationale uniforme pour tous puisse être difficile à appliquer. Un projet adapté aux différentes réalités régionales pourrait voir le jour, avec diverses modalités pour une mise en œuvre conjointe entre État, collectivités et associations.
- Instituer des incitations financières pour favoriser la création de sites de compostage partagés ou soutenir l’acquisition de composteurs individuels
- Mettre en place des formations auprès des particuliers et professionnels pour diffuser les bonnes pratiques
- Promouvoir des chartes de bonne conduite et labelliser les installations respectant des critères exigeants en matière de propreté et de sécurité
- Réaliser des études de faisabilité locales pour adapter au mieux les solutions envisagées
- Soutenir des projets pilotes innovants, notamment en milieux urbains
Ainsi, plutôt que de parler d’un compostage obligatoire sur tout le territoire français, il est peut-être plus pertinent d’encourager le développement de cette pratique grâce à une synergie entre les différents acteurs concernés et des dispositifs adaptés aux besoins spécifiques de chaque région.